Le public d’Inzinzac-Lochrist a vibré pour le jeune Breton Florentin Lecamus-Lambert, repris dans les vingt derniers mètres de la première étape du Tour de Bretagne et supplanté in extremis par l’expérimenté Manuel Belletti, Italien de 33 ans, membre de l’équipe Androni Giocattoli-Sidermec qui vit une semaine folle après les victoires d’Andrea Vendrame au Tro Bro Leon et de Fausto Masnada dans la troisième étape du Tour des Alpes.
« Il y avait cinq échappés dont, surtout, ce jeune coureur qui donnait l’impression qu’il ne serait jamais rejoint, jusqu’au dernier virage où j’ai compris qu’enfin la victoire était à ma portée », a réagi Belletti, poursuivant son analyse : « Aujourd’hui, mon expérience a payé car le circuit final était très exigeant. Il ne fallait pas quitter les dix premières positions du peloton dans le dernier tour. J’ai cru à une possible arrivée au sprint quand j’ai réalisé qu’aucune équipe n’avait la mainmise sur la course. »
L’épreuve s’est débloquée dès Fort-Bloqué, après un départ donné de la cité de la mer à Lorient, Maxime Pasturel étant le premier régional (membre de la sélection des Pays de la Loire) à se mettre en évidence, échappé avec Peter Kibble, de l’Académie du Pays de Galles qui a reçu une vidéo d’encouragement pour le Tour de Bretagne de son compatriote Geraint Thomas, vainqueur du dernier Tour de France. Repris après le passage à Arzano (km 34) où, peu de connaisseurs le savent, le super sprinter australien Caleb Ewan, alors junior première année, avait ouvert son palmarès européen en 2011, le duo a cédé la pole position à un homme seul : Maxime Cam (Vital Concept-B&B Hotels), que le peloton n’a repris que 40km plus tard.
À l’approche du circuit final, quatre coureurs se sont enfuis : Laurens Huys (Lotto-Soudal), Jason Tesson (Sojasun), Ludvik Aspel Holstad (Joker Fuel of Norway) et le Rwandais Samuel Mugisha (Dimension Data). Florentin Lecamus-Lambert les a rejoints puis dépassés avant ce final cruel pour ce grand rouleur qui aura d’autres occasions de montrer son talent sur les routes du Tour de Bretagne.
« Je suis désolé pour lui mais ravi d’être ici, a relevé Belletti. Je connaissais le Tour de Bretagne pour l’avoir déjà disputé et l’opportunité d’y revenir cette année s’est présentée lorsque le Tour de Croatie a été annulé. Heureusement, notre équipe était déjà engagée ici. Je sais que les sept jours de course seront très utiles pour peaufiner ma condition avant le Giro (départ de Bologne le 11 mai). Je vise plus des victoires d’étapes que le général, à partir de demain où, si tout va bien, on laissera se développer une échappée que l’on contrôlera en tentant d’organiser une autre arrivée au sprint. »
En la personne de Manuel Belletti, on parle d’un ancien d’AG2R-La Mondiale, d’un coureur à vingt victoires pros dont une étape du Giro, tout près de chez lui, en Emilie-Romagne, précisément à Cesenatico, la ville du regretté Marco Pantani, que, forcément, il idolâtrait pendant son adolescence. Quand il a réalisé que le trophée du vainqueur à Inzinzac-Lochrist allait lui être remis par Bernard Hinault, il a eu des yeux d’enfant, ému et admiratif, envers cette autre légende du sport cycliste.
Avec lui, le 53e Tour de Bretagne a démarré sur les bases d’un niveau très élevé!
Jean-François Quénet