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ANTOMARCHI, DIX ANS APRÈS

Il a remis le couvert à Grand Champ, s’isolant à dizaine de kilomètres du but alors que le peloton pliait les ailes, moulu par une nouvelle journée faite d’attaques incessantes. Cette fois, le Marseillais de Roubaix manque la prise du pouvoir pour neuf secondes et les positions se sont resserrées derrière le leader norvégien Herman Dahl, qui a souffert et dont le maillot a été sauvé par l’accélération finale de son coéquipier Rasmus Tiller, deuxième de l’étape. Offensif à plusieurs reprises, le Belge Stan De Wulf, troisième sur la ligne, s’est octroyé six secondes de bonifications.

« Ça s’est fait sur le circuit final, a raconté Antomarchi, sobre comme un Nordiste. Comme ça a roulé vite toute la journée, tout le monde était fatigué. On avait les jambes lourdes. Dans l’avant-dernier tour, ils m’ont laissé dix mètres d’avance, quand je m’en suis rendu compte, j’ai tenté ma chance en donnant tout jusqu’au bout, sur dix kilomètres. Toutes les équipes étaient diminuées par les efforts effectués avant et ce n’était pas facile de s’entendre pour revenir sur moi. À six par équipes, c’est difficile de s’organiser et le circuit final était dur. Donc j’y croyais. »

Le Provençal de La Bouilladisse, au nord d’Aubagne, a utilisé sa clairvoyance et son métier. Quand il se révélait sur le Tour de Bretagne 2008, il avait 23 ans et rêvait d’une grande carrière. Mais c’est un malchanceux du marché des transferts qui aurait mérité une trajectoire plus linéaire. Il a été stagiaire chez Skil-Shimano (l’ancienne Sunweb). Il est enfin passé pro quand son club de La Pomme est monté à l’échelon continental en 2011, et aussitôt, il a remporté une étape du Tour du Haut-Var, ce qui lui a valu une embauche à l’échelon au-dessus par les Américains de Team Type 1. Mais l’année suivante, l’équipe est devenue exclusivement composée de diabétiques, d’où son retour à Marseille. Sa victoire au classement général du Tour de Hainan, une course hors-catégorie de neuf jours en Chine, face aux Lampre et aux Astana, n’a pas suffi à la prolongation de son contrat. Elle lui a tout de même permis un repêchage à Roubaix-Lille Métropole dont il a ouvert le compteur de victoires 2018 à Grand Champ. Depuis 2014, Antomarchi est un acteur clé du final du championnat de France professionnel : tombé dans le dernier tour au Futuroscope (lors du premier sacre d’Arnaud Démare) alors qu’il était seul en tête, 7e à Chantonnay en 2015, 8e à Vesoul en 2016, 20e à St-Omer après avoir lancé son coéquipier Jérémy Leveau (le troisième homme du podium auprès de Démare et Bouhanni).

« Mon gros objectif de 2018, c’est le championnat de France et j’entends monter en puissance d’ici là », avoue-t-il. Le Tour de Bretagne tombe à pic pour Roubaix-Lille Métropole dans la préparation aux Quatre Jours de Dunkerque, qui sont au centre des préoccupations de la formation nordiste. « On fera la course au maximum mais sur le Tour de Bretagne, on n’est jamais à l’abri d’un coup qui part de loin, ajoute Antomarchi. Il y a encore beaucoup de coureurs relativement bien classés. On va se servir de la force de l’équipe. Les ambitions au général sont à ajuster au jour le jour car chaque étape apporte son lot de surprises et de difficultés. Demain, la météo s’annonce capricieuse. » Là, le professionnel aguerri s’exprime en Provençal un peu craintif des conditions de courses particulières à la Bretagne. Il sait aussi que la côte de Nazareth, à Plancoët, peut tout chambouler au classement général. Et si on se donnait rendez-vous dans dix ans ?…

Jean-François Quénet

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