Après les victoires des trentenaires Tony Hurel et Julien Antomarchi, un coup de jeune s’est abattu en même temps que les bourrasques sur le Tour de Bretagne avec la victoire de Cees Bol (SEG Racing), 22 ans, qui n’a aucun lien de parenté avec Jetse Bol, le pro de Manzana-Postobon, un des grands acteurs de l’épreuve en 2010 et 2011 (trois victoires d’étapes et six maillots de leader), et la prise du pouvoir de Jarno Mobach (Sunweb Development), 19 ans, vainqueur de Paris-Roubaix juniors il y a deux ans.
« J’étais venu avec l’intention de faire un grand résultat sur cette course car elle sert de tremplin pour passer pro, a commenté Bol, sorti en costaud dans le dernier tour pour s’imposer en solitaire. J’avais plusieurs places de deuxième cette année (1re étape du Tour de Normandie, 2e étape et général du Circuit des Ardennes, Mémorial Arno Wallaard), je tournais autour de la victoire, il était temps d’en claquer une. J’ai bénéficié de l’énorme travail de Jarno qui roulait aussi fort qu’il pouvait pour le général, puis j’ai attaqué au bon moment. »
Les deux jeunes Hollandais, membres des deux centres de formation qui ont remplacé celui de Rabobank (où Bol avait débuté) même si celui de Sunweb est administrativement enregistré en Allemagne, avaient des intérêts communs quand, à dix kilomètres de l’entrée sur le circuit de Plancoët, ils se sont lancés à la poursuite des cinq coureurs déjà échappés : Alan Riou (Bretagne), Thibaut Ferrasse (UC Nantes-Atlantique), nouveau meilleur grimpeur de l’épreuve, Romain Bacon (CC Nogent-sur-Oise), qui a conforté sa position de leader des sprints intermédiaires, Mark Donovan (Team Wiggins) et Mikkel Bjerg (Axeon Hagens Berman), le champion du monde u23 du contre-la-montre, encouragé par son mentor Axel Merckx, arrivé pour la deuxième moitié du Tour de Bretagne. Bol et Mobach les ont rejoints en compagnie de Fabien Schmidt (Côtes d’Armor-Marie Morin), Julien Guay (Sojasun) et Kristoffer Skjerping (Joker-Icopal).
« J’avais entendu beaucoup d’histoires sur le Tour de Bretagne, a raconté Mobach. Que c’était une course vraiment dure et qu’il y faisait un temps de chien… J’ai pu me rendre compte que tout était vrai. Mais j’aime ces conditions de course et j’aime cette course. J’aime les pavés, j’aime les côtes, j’aime tout dans le cyclisme même si je dois encore découvrir quel coureur je suis vraiment. Je suis ravi d’être leader mais les écarts sont serrés et je ne sais pas à quoi m’attendre lors des deux dernières étapes. »
Herman Dahl (Joker-Icopal) n’a cédé sa tunique que pour neuf secondes. Tony Hurel, Stan De Wulf et Julien Antomarchi restent en embuscade. Le Tour de Bretagne, à l’avant-veille de son dénouement à Dinan, qui s’annonce passionnant, a déjà répondu à sa vocation de dénicheur de talents.
Jean-François Quénet