TOUR DE BRETAGNENos actualités

KANTER A TROUVÉ SON MAÎTRE, « MAESTRO » MALUCELLI

Les deux hommes se sont retrouvés dans le final de Plougoumelen, endiablé par la chasse infernale imposée par la résistance des quatre fuyards : Romain Bacon et Guillaume Thévenot (CC Nogent-sur-Oise), Håkon Lunder Aalrust (Coop) et Pierre Gouault (Roubaix-Lille Métropole). « Maître » Kanter avait de l’appétit mais il est tombé sur Matteo « maestro » Malucelli, l’homme de Forlì, la ville d’Ercole Baldini, champion du monde 1958 à Reims, mais qui réside actuellement à Brescia où il a trouvé l’amour… et d’autres sprinters avec qui s’entraîner, dont Jakub Mareczko, l’épouvantail de ce Tour de Bretagne, troisième à Plougoumelen après un accrochage à Louisfert avec Bram Welten qui lui a cisaillé une chaussure et l’a écarté de la bagarre.

« Je suis venu en Bretagne après une période de courses très dures : Le Tour de Langkawi, Vitré, la Roue tourangelle, la Sarthe, qui s’est hélas terminée par une mauvaise chute et je me sentais un peu fatigué en arrivant, a raconté l’intarissable Malucelli à sa descente de vélo. Mais l’an passé aussi, dans des conditions équivalentes, les victoires sont malgré tout arrivées. Hier, j’étais un peu dans l’inconnu quant à mes sensations mais j’ai obtenu une troisième place qui aurait tout aussi bien pu être une victoire si je n’avais pas été coincé à 50 mètres de la ligne d’arrivée. Aujourd’hui, c’était encore un sprint mais très dur car les quatre derniers tours ont été couverts à mille à l’heure pour rattraper l’échappée. Je savais que je pouvais bien faire. Gagner reste malgré tout quelque chose de très difficile en cyclisme. On court à 150 et il y a un seul vainqueur. Tout s’est bien passé aujourd’hui puisque j’ai gagné. Demain est un autre jour. »

L’an passé, son équipe Androni Giocattoli-Sidermec, qui s’affute pour le Giro, que ne disputera pas Malucelli, avait découvert le Tour de Bretagne et attendu la dernière étape pour s’imposer par l’intermédiaire d’Andrea Vendrame. Elle connaît désormais l’épreuve. « Je suis très content et ce n’est pas fini, a poursuivi le Romagnol. Il y a des arrivées plus dures ces prochains jours. Mais il ne faut jamais dire jamais. L’an passé, je crois que le parcours était plus difficile car dès la deuxième étape, le jour de la victoire de Dassonville, le classement général était assez bien établi. Mais j’ai vu que cette année, les arrivées sont exigeantes. Je souffre un peu en côte. Mais on verra jour après jour. Je défendrai mon maillot de leader tant que mes jambes le permettront. Si je ne gagne pas le Tour de Bretagne, je chercherai quand même à obtenir un bon classement pour honorer cette course, qui est belle, bien organisée, et qui mérite de grandir encore dans les années à venir. Quand nous sommes très bien traités par l’organisation, comme c’est le cas ici, nous devons aussi nous comporter comme des professionnels et donner le maximum sur la route. »

« En France, le cyclisme est un sport très suivi, a-t-il également remarqué. Quelle que soit la catégorie, 2.2, 1.1 ou hors catégorie, les coureurs sont bien préparés et marchent très fort, il y a du public, les routes sont plus tortueuses qu’en Italie. C’est toujours dur de faire un résultat. Un résultat en France a plus de valeur que n’importe où ailleurs dans le monde. »

C’est un peu le sentiment qui anime également l’autre maître des arrivées tortueuses, Max Kanter. « Je suis content même en finissant deuxième, relève le finisseur de Sunweb Development, déjà deuxième du Tour des Flandres u23 mais toujours en attente d’une proposition de contrat pro. Hélas, quelqu’un de plus rapide que moi m’a dépassé à vingt mètres de la ligne. Mon équipe a durci la course pour reprendre les échappés. En venant au Tour de Bretagne, j’ai regardé le palmarès et je me suis arrêté sur le nom de Degenkolb. J’ai bien noté que les arrivées conviennent à des coureurs très forts et pas seulement très rapides. » Pas un Allemand n’a remporté d’étape sur le Tour de Bretagne depuis le vainqueur de Milan-San Remo et Paris-Roubaix 2015. Kanter, 20 ans, stagiaire dès sa sortie des rangs juniors dans l’équipe Giant-Alpecin (actuellement Sunweb) en 2016, avait eu le bonheur de côtoyer Degenkolb lors de l’Arctic Race of Norway pour son retour après son grave accident à l’entraînement en Espagne (en compagnie de Warren Barguil). Il est étonnant qu’un garçon né huit ans après la chute du Mur de Berlin se présente comme venant, comme Degenkolb, d’Allemagne de l’Est, mais il veut dire de l’Est de l’Allemagne, précisément de Cottbus où se trouve l’une des plus performantes écoles de piste au monde. Kanter, plus léger que Malucelli, aura d’ici le 1er mai d’autres arrivées, plus sévères, pour se faire mousser.

Jean-François Quénet

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